Twitter allège ses règles concernant le harcèlement des personnes transgenres


C’est un changement opéré en catimini mais qui pourrait avoir des conséquences pour les utilisateurs et utilisatrices transgenres de Twitter : le réseau social a décidé de modifier sa politique de lutte contre le harcèlement en retirant dans ses conditions d’utilisation toute mention concernant le fait de méconnaître sciemment le nouveau genre ou d’utiliser l’ancien nom (deadname) d’un individu.

Sur la page consacrée à la lutte contre la « conduite haineuse », les mots « cela englobe le fait d’utiliser un genre incorrect pour les personnes transgenres, ou de s’adresser à elles avec leur ancien nom » ont ainsi disparu. A en juger par la Wayback Machine, un outil qui permet de suivre dans le temps les changements opérés sur une page Internet, cette modification est survenue le 8 avril. Les règles d’utilisation mentionnent toutefois toujours le fait qu’il est « interdit d’attaquer directement d’autres personnes en vous fondant sur […] l’orientation sexuelle, le sexe, l’identité sexuelle ».

Twitter avait mis en place sa politique de lutte contre le harcèlement des personnes transgenres en 2018, rappelle l’agence de presse Associated Press (AP). Avec TikTok, c’était d’ailleurs l’un des seuls réseaux sociaux à avoir des règles spécifiques à ce sujet, rappelle le média spécialisé The Verge, les autres plates-formes, comme Facebook, Instagram ou YouTube, n’ayant pas créé de protections particulières concernant cette catégorie de la population.

Une modération allégée

Suppression des règles interdisant la désinformation sur le Covid-19, licenciement de la vaste majorité des modérateurs, réactivation des comptes de multiples personnalités d’extrême droite, dont des comptes transphobes… Cette évolution de la définition de ce qui constitue un comportement haineux sur Twitter s’inscrit dans la lignée d’un certain nombre d’assouplissements déjà actés sur la plate-forme depuis son rachat par Elon Musk, le 27 octobre, pour 44 milliards de dollars (40 milliards d’euros).

Lundi, le réseau social a annoncé que les messages enfreignant potentiellement ses règles sur le harcèlement seraient dorénavant assortis d’un message de prévention expliquant que leur visibilité a été réduite. Ces nouveaux labels sont en phase avec la volonté de transparence affichée par Elon Musk ainsi que la position prise publiquement par le réseau social consistant à mettre en place « des actions moins sévères » que la suppression d’un contenu ou la suspension pure et simple d’un compte. « Si quelqu’un a un message de haine, cela ne veut pas dire qu’il doit avoir un porte-voix. Il devrait quand même pouvoir le dire mais sans l’imposer aux gens », a justifié l’homme d’affaires lors d’une conférence, lundi à Miami Beach.

Le changement de politique concernant les personnes transgenres bat néanmoins un peu plus en brèche le discours sur la transparence tenu par Elon Musk – ce dernier promettait par exemple, en décembre, de soumettre au vote des utilisateurs « tout changement majeur de politique » –, déjà mis à mal par des inflexions surprises survenues ces derniers mois. Cette décision survient également au moment où la question de la transidentité est devenue un enjeu politique, particulièrement aux Etats-Unis, où elle est instrumentalisée pour remobiliser une partie de l’électorat conservateur, comme le relève le New York Times.

Le Monde



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